L’équilibre, mythe ou réalité ? (part 2)

Suite à mon article précédent « Et si l’équilibre n’existait pas », examinons ensemble comment nous pourrions aborder cette quête de sens dans nos actions.

Lorsque nous disons que nous manquons d’équilibre, c’est généralement pour exprimer le fait que certaines priorités, importantes à nos yeux, ne sont pas comblées ou restent en suspens.

Le problème, comme nous l’avons vu, c’est que lorsque nous passons du temps sur une tâche importante, nous en délaissions d’autres. Et malgré nos efforts, il y aura toujours quelque chose à faire à la fin de la journée, du mois, de l’année, voire même de notre vie.
Vouloir tout faire est impossible et relève de la folie.

L’une des premières choses à faire est donc d’apprendre à faire des deuils.

Par deuils, j’entends une transition nécessaire reliée au détachement que nous devons traverser pour avancer. Le cerveau est conçu pour s’attacher facilement, il va lutter contre le détachement. Les deuils sont sains car nous ne pouvons pas rester attaché à tout, ça ne se peut pas ! Il est difficile de concilier le fait d’avancer et de rester attaché aux mêmes éléments.
En résumé, le deuil est une conséquence d’un détachement envers des objets et des non-objets, des choses abstraites et des choses vivantes.

Laisser certaines choses en suspens est le prix à payer pour obtenir des résultats extraordinaires.

Mais nous ne pouvons pas tout laisser en suspens, il faut apprendre à contrebalancer.

Le contrebalancement entre la vie professionnelle et la vie privée est souvent vu comme un équilibre statique, une balance où il faut faire attention à ne pas pencher d’un côté ou de l’autre.

Mais la réalité est tout autre. Pour atteindre notre objectif, il faut être en mouvement, ajuster notre positionnement en permanence. Comme un archer qui, pour atteindre sa cible, doit faire un mouvement continu et constant avant de lâcher sa flèche. Nous pensons à tort que l’ajustement pour atteindre cette cible doit se faire comme un schéma en deux dimensions reprenant les axes des X et des Y en tentant, tant bien que mal, d’ajuster notre position de haut en bas et de droite à gauche pour mieux viser. C’est faux ! Les six premiers mois de pratique en Corée sont d’ailleurs consacrés à l’apprentissage de la posture et des placements, sans jamais lâcher une flèche, pour maîtriser les fondamentaux. Ainsi, pour atteindre notre cible, il faut comprendre que le mouvement est essentiel et que l’ajustement doit être constant, plutôt que de chercher un équilibre statique impossible à atteindre.

Pour contrebalancer la vie professionnelle et la vie privée, il faut comprendre que ce sont deux sphères qui ne servent pas les mêmes besoins ni objectifs. Imaginez-vous tenant deux sceaux dans chacune de vos mains non pas pour les compartimenter mais pour les contrebalancer. L’un n’allant pas sans l’autre.

Évidemment, dans ce balancier des deux sceaux, des « sous-balanciers » sont également présents dans chacun des sceaux, telle une pyramide d’équilibriste dont vous seriez au sommet.

Pour le sceau du travail, la question n’est pas de savoir combien d’heures supplémentaires vous faites, mais plutôt de choisir ce qui compte le plus et d’y consacrer le temps dont vous avez besoin. Et donc, de jongler avec des déséquilibres extrêmes. Acceptez l’idée que les résultats extraordinaires que vous recherchez vous forceront à rester dans le déséquilibre pendant de longues périodes.

Dans votre sceau de votre vie privée, l’attention est la clé de tout. Vous devez prêter attention à votre esprit, votre corps, votre famille, vos amis, vos besoins personnels. Si votre objectif est d’avoir une vie, vous devez vous en occuper SANS JAMAIS la sacrifier au nom du travail ni les sacrifier entre eux. L’idée est de passer en alternance d’une attention à l’autre et même souvent les combiner. Mais évitez d’en négliger une très longtemps. Votre vie privée exige des mouvements courts et rapides de balancier. La question n’est pas de savoir si vous allez déséquilibrer. La question est de savoir à quel point !

Dans votre vie privée, vous n’aurez moins envie d’abandonner des choses, et cela se comprend. Dans votre vie professionnelle, il est plus facile de faire des deuils et de se concentrer sur ce qui est le plus important.

James Patterson résume bien ces priorisations de nos objectifs vie professionnelle et vie privée. Dans son livre « Pour toi, Nicolas », il explique ce numéro d’équilibrisme comme ceci : « Imaginez votre vie comme un numéro de jonglage à cinq balles. Ces balles s’appellent travail, famille, santé, amis et intégrité. Vous arrivez à les faire tourner sans anicroche. Mais un jour, vous finissez par comprendre que le travail est une balle en caoutchouc. Si vous la laissez tomber, elle rebondira. Les quatre autres – famille, santé, amis, intégrité – sont en verre. Si vous en laissez tomber une, elle sera irrémédiablement rayée, ébréchée, voire brisée. »

Ce qui m’amène à penser qu’il vaut mieux parler de priorité que d’équilibre, car cela rend la démarche moins rigide, plus flexible et ouvre la porte au changement. Ce fameux vecteur de la flèche de l’archer dans une perspective de mouvement permanent pour atteindre sa cible.

Le déséquilibre est inévitable. Dès que vous choisissez une priorité, vous vous déséquilibrez. Et le temps que vous passez à cette priorité ne se rattrapera pas, ne se posera pas, mais sera dans le choix conscient de vos comportements. Quand vous voulez travailler, travaillez ! Quand vous rentrez et que vous voulez passer du temps avec vos enfants, ne les négligez pas, donnez votre temps consciemment comme une décision réellement prise.

Si vous parvenez à percevoir cette notion de balancier dynamique plutôt que de rêver d’un équilibre statique, vous comprendrez que cela est à votre portée et que ce sont vos décisions qui en sont les commanditaires.

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